« […] il te faut blanchir mon corps qui est à genoux, lequel ne demande autre chose. Car la nature rend* toujours à la perfection. Ce que tu accompliras par l’apposition du lait virginal, et par la décoction que tu feras des matières avec ce lait, qui se séchant sur ce corps le teindra en même blanc citrin, qu’est vêtu celui qui prend le glaive […]. »
Nicolas Flamel, Ecrits alchimiques, éd. Les Belles Lettres, coll. Aux sources de la tradition, avr. 2007, p. 58.
*l’original note « rend », mais l’édition en question ici corrige par « tend ». Je suis tentée de laisser « rend » car ainsi Flamel dit que l’action de la nature rend parfait, et non qu’elle essaie de s’en approcher.
Restons dans l’alchimie! C’est beau n’est-ce pas? Les alchimistes étaient des poètes…
Nicolas Flamel est selon l’éditeur « sans doute le plus célèbre des alchimistes français ». Le langage est assez hermétique, car il était destiné aux personnes initiées à l’art de l’alchimie et qu’il peut prendre plusieurs significations suivant les besoins présents de la personne qui le lit. C’est comme un bon film ou un bon livre : à la deuxième, troisième, quatrième relecture, on y découvre toujours de nouvelles choses et on a de nouvelles compréhensions 😉
Comme toujours en alchimie, l’important n’est pas de se concentrer sur l’aspect matériel des choses, mais sur leur symbolique. Flamel livre ici une recette pour purifier le corps (symbolisant un domaine de vie, un schéma de fonctionnement, un souvenir…) de son plomb (émotions, peurs, colères, conditionnements… qui nous « mettent à genoux ») et le transformer en « blanc citrin », en or. Pour cela, il faut « y apposer le lait virginal », c’est-à-dire retrouver l’innocence et la sincérité premières, et « décanter les matières avec ce lait », c’est-à-dire regarder ces peurs, émotions etc. avec cette sincérité innocente pour en extraire la cause profonde. Ainsi, grâce à la prise de conscience et au courage dont a fait preuve la personne en l’acceptant et la transformant (« celui qui porte le glaive »), l’innocence sera retrouvée dans ce domaine qui se « teindra d’or ». Bien sûr, c’est un processus qui peut parfois demander du temps et de revenir plusieurs fois sur le même sujet. Mais quand on a commencé, on ne peut plus s’arrêter! Alors à nos fourneaux! 😉
A nos fourneaux ou à nos athanors ? Tu l’as écrit bien vite cet article sur Nicolas Flamel…
Comme d’habitude, je trouve ton interprétation belle et sage… nous en avons d’ailleurs tant discuté
Merci pour cet extrait, je reviendrai le relire
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Athanors, oui! Mais attention de bien régler la chaleur… 😉
Les ‘fourneaux’ étaient un clin d’oeil au côté recette… J’aime assez l’idée de travailler sur soi comme sur un gâteau, c’est mon côté gourmand! 😉
J’approfondirais peut-être le sujet lors d’une « pensée », car il y a beaucoup à en dire… Mais je préfère être interrogative et simplement donner des pistes, car c’est à chacun de trouver ses propres interprétations
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Pour les amateurs de poésie « hermetique »claude D’Ygée à écrit son anthologie de la poesie (plus hermetique que ça tu mords)
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C’est une idée! Je le mets dans ma (longue) liste des livres à lire 😉
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