Lire un ouvrage philosophique ou spirituel digne de ce nom, ne peut se faire comme lire un bon roman.
Un tel ouvrage se lit un crayon à la main, et de quoi noter ses réflexions à portée de soi. Il se lit lentement, avec attention et concentration. Il se lit idée par idée, phrase par phrase, mot par mot, et chaque parcelle qui le compose doit passer par notre pensée. Chacune se lit et se relit, se lie et se relie, s’éclairant l’une l’autre et éclairée par nos réflexions, nos autres lectures et compréhensions. Chaque information ainsi récoltée se médite, s’expérimente, se frotte à la logique d’autres thèses et de nos propres vérités.
Un tel livre n’est pas fait pour vous divertir, mais pour vous concentrer. C’est pour cela qu’il est difficile de lire un ouvrage philosophique ou spirituel dont nous voulons comprendre l’essence. Ce n’est pas tant par sa forme, son style ou la terminologie choisie, c’est principalement parce qu’ils demandent à l’esprit d’être à la fois ouvert et concentré, neutre et critique, et demandent une présence de tous les instants. Ces ouvrages, pour être bénéfiques, demandent de ne pas se contenter d’emmagasiner des informations, les acceptant telles quelles ou les rejetant. Ils demandent à les comprendre, les critiquer et les expérimenter en tant qu’angles de vue pouvant enrichir nos connaissances. A la lumière de notre pensée, elles se transforment, se renforcent ou prennent un autre sens, comme une pièce de puzzle qui donne un sens totalement différent à la place qui lui est dévolue… Jusqu’à ce qu’une autre pièce ne vienne encore modifier sa signification…
Les romans aux accents spirituels ou philosophiques paraissent dans ce cas plus aisés à lire. En effet, ils ont une approche plus « divertissante ». Mais ne vous y trompez pas : nous y retrouvons pour celui qui s’en donne la peine, la même exigence de concentration et de réflexions, pour qui veut profiter de leurs bienfaits.